Les lasses ostréicoles


Talion, vieux gréement, Bourcefranc-Le Chapus, Pays Marennes-Oléron, Charente-Maritime

C'est à la fin du 19ème siècle, dans les années 1870, que s'est développée rapidement l'ostréiculture.

 

Des bateaux à fonds plats, les lasses dont le nom vient de "lasser" - glisser sur la vase en patois charentais, ou à faible tirant d'eau, les sloops, mieux adaptés à l'ostréiculture vont connaitre un développement rapide. Ils permettent aux ostréiculteurs d'atteindre les parcs à huîtres et de s'y poser pour travailler le temps d'une marée.  

 

Rare en 1850, la lasse devient omniprésente en 1900, s'imposant par sa conception simple et économique. Les bateaux traditionnels de nos côtes : filadières, chaloupes, gabarres, vont progressivement disparaitre.

 

D'une coque rustique, sans passavant, manoeuvrée à l'aviron, elle devient un véritable voilier avec dérive, pont avant, gréement complet de côtre permettant ainsi de transporter des quantités d'huîtres de plus en plus importantes, sur de plus grandes distances et plus rapidement.

La coque

Bateau de charge de 6 à 8 m, sa robustesse est sa première qualité, car il doit ramener à terre jusqu'à 2 tonnes d'huîtres pour le détroquage et la mise en claire.

 

Il comprend une étrave droite, un petit tableau arrière vertical, une coque à bouchain, un font plat fait d'un assemblage transversal de planches. Un pont avant et des passavants avec hiloire viennent ensuite le défendre contre la mer. Une dérive sabre puis pivotante et un gouvernail achèvent d'en faire un voilier capable de remonter au vent.

 

La construction d'une lasse obéit à des règles strictes :

 

Les planches de fond, qui forment la sole, sont disposées transversalement et cloutées sur la fausse quille. Celle-ci est légèrement tonturée pour que la sole soit dégagée de la surface de l'eau à ses extrémités.

 

L'étrave et l'étambot avec le tableau arrière sont boulonnées sur la sole.

 

Les membrures à pied sont alors fixées en tenant compte de l'épaisseur du 1er bordé.

 

La sole est alors coutée au 1er bordé et les bordés supérieurs sont ensuite mis en place.

 

La pose du liston, du banc, du pontage, du puit de dérive achève le chantier.

 

L'ormeau est utilisé pour les oeuvres vives alors que le sapin est réservé pour les parties hautes.

La voilure

Parallèlement à l'évolution de la coque, le gréement est devenu de plus en plus performant.

 

Initialement, il s'agit d'une voile au tiers sur un mat mobile, non haubané, engagé dans le banc de nage. Un foc vient ensuite équilibrer le plan de voilure sur l'avant. Enfin, le gréement de côtre est adopté : grand voile à corne, trinquette et foc.

 

Une flèche équipe les grosses lasses du Chapus et un tape cul, celles de Brouage.